
13ᵉ rente AVS : mode d’emploi, financement et versement dès 2026
L'Assurance-vieillesse et survivants (AVS), pivot des prestations de rentes en Suisse, s’apprête à franchir une étape majeure : l’introduction d’une 13ᵉ rente annuelle. Cette mesure ambitionne de renforcer le pouvoir d’achat des retraités tout en préservant l’équilibre du premier pilier.
Plébiscitée le 3 mars 2024 via l’initiative populaire « Mieux vivre à la retraite », la réforme crée un nouveau droit pour l’ensemble des bénéficiaires : femmes, hommes, survivants et même retraités frontaliers disposant d’acquis AVS, sans modifier les conditions d’âge ou de cotisations.
À compter de décembre 2026, un treizième versement équivalant à 8,3 % du montant annuel sera versé en une seule fois. Son financement repose principalement sur un relèvement de 0,7 point de la TVA, proposé par le Conseil fédéral pour sécuriser le fonds AVS jusqu’en 2030.
Qu’est-ce que la 13ᵉ rente AVS ?
La 13ᵉ rente AVS est une prestation supplémentaire d’assurance-vieillesse et survivants conçue sur le modèle d’un « 13ᵉ mois » de salaire : chaque bénéficiaire recevra une rente mensuelle complète additionnelle (soit + 8,33 % du montant annuel) versée en une seule fois, chaque décembre, dès 2026.
Origine de l’initiative populaire
Portée par la coalition syndicale « Mieux vivre à la retraite », l’initiative populaire a été acceptée le 3 mars 2024 par 58 % des votants. Elle inscrit dans l'AVS le droit à cette rente supplémentaire sans modifier l’âge de retraite ni la durée de cotisation.
Qui sont les bénéficiaires ?
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Retraités AVS en Suisse : femmes et hommes percevant déjà une rente de vieillesse ou de survivants.
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Survivants : veuves, veufs et orphelins touchant des prestations AVS.
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Frontaliers franco-suisses : toute personne domiciliée à l’étranger mais disposant d’un droit acquis à des rentes AVS bénéficiera aussi de la 13ᵉ rente au prorata.
Aucun formulaire n’est requis : l’office compétent versera automatiquement la somme sur le même compte que les rentes mensuelles.
Modalités de calcul et de versement
Le montant correspond à un douzième de toutes les rentes AVS effectivement versées entre janvier et novembre de l’année civile : toute mutation (partage de revenus, nouveau statut de survivant, indexation) est intégrée au calcul. Le paiement intervient fin décembre et cesse au décès du bénéficiaire ; les héritiers ne peuvent pas réclamer d’arriéré.
Découvrez dans notre article dédié comment calculer le montant de la rente avs.
Les arguments pour et contre la 13ᵉ rente AVS
Pourquoi les partisans la soutiennent-ils ?
Argument | Explication |
---|---|
Pouvoir d’achat |
Les pensions AVS n’ont pas suivi la hausse des primes maladie, des loyers et de l’énergie ; un 13ᵉ versement compense la perte de revenu réel et garantit un niveau de vie décent pour les retraités à faible ou moyen revenu. |
Justice sociale |
Les sondages de sortie des urnes montrent que les ménages disposant de moins de 4'000 francs mensuels ont plébiscité l’initiative ; ils jugent légitime qu’une partie de la prospérité suisse soit redistribuée aux personnes âgées qui ont cotisé toute leur vie. |
Effet macro-économique neutre |
Les défenseurs estiment qu’injecter 3-5 milliards de francs chaque décembre stimule la consommation intérieure sans nuire à l’épargne, car la TVA fait payer aussi les touristes et les hauts revenus. |
Aucune hausse d’âge de retraite |
Contrairement à d’autres réformes, la 13ᵉ rente ne recule pas le départ à la retraite ; elle respecte le contrat intergénérationnel défini par l’initiative populaire. |
Pourquoi les opposants la critiquent-ils ?
Argument | Explication |
---|---|
Coût structurel élevé |
L’Office fédéral des assurances sociales anticipe CHF 4,2 milliards dès 2026 et près de 5 milliards en 2030 ; sans ressources pérennes, l’AVS replongerait en déficit après 2030. |
Charge fiscale et salariale |
La hausse de TVA (0,7 pt) renchérit la vie quotidienne ; certains milieux économiques réclament aussi +0,4 pt sur les cotisations, ce qui pèserait sur l’emploi et la compétitivité des entreprises. |
Risque intergénérationnel |
Les jeunes actifs paieront davantage de taxes et de cotisations pour financer une prestation dont ils pourraient être privés ou qui exigerait un nouvel allongement de l’âge de retraite. |
Effet « arrosoir » |
La mesure bénéficie aussi aux retraités aisés ; certains parlementaires préfèrent cibler les ressources sur les rentiers modestes via des prestations complémentaires plutôt qu’une rente universelle. |
En définitive, le débat oppose solidarité immédiate et durabilité financière : les promoteurs voient dans la 13ᵉ rente une assurance-vieillesse plus juste, tandis que ses détracteurs pointent la pression accrue sur le financement de l’AVS et l’équité entre générations.
Impacts économiques : ce que change la 13ᵉ rente AVS
Gain direct pour les bénéficiaires
Montant versé : un douzième de la rente annuelle, payé fin décembre. Un rentier touchant la rente minimale (CHF 1'260 / mois en 2025) recevra environ CHF 1'260 de plus par an ; un rentier à la rente maximale (CHF 2'520 / mois) percevra CHF 2'520. Pour un couple marié plafonné à CHF 3'780, le bonus grimpe à CHF 3'780, soit + 8,33 % du revenu AVS annuel. Ces montants s’appliquent à tous les groupes : femmes, survivants, frontaliers disposant d’un droit AVS, etc.
Pouvoir d’achat et consommation
L’OFAS estime que l’injection initiale de CHF 4,2 milliards (2026) augmentera la consommation privée de fin d’année, soutenant commerces et services, surtout chez les ménages à revenus modestes qui consacrent la majeure partie de leur 13ᵉ rente aux dépenses courantes.
Effet macro-budgétaire sur l’AVS
Sans financement additionnel, les sorties dépasseraient les recettes dès 2026 et le Fonds de compensation passerait sous le seuil légal de 100 % des dépenses annuelles. Avec la hausse de TVA de 0,7 pt proposée par le Conseil fédéral, l’équilibre est assuré jusqu’en 2030 ; la part fédérale recule à 19,5 % pour limiter la charge sur le budget de la Confédération.
Redistribution et équité intergénérationnelle
Les retraités actuels toucheront la prestation sans nouvelle condition de cotisation, alors que les actifs financeront la mesure via la consommation (TVA) et, possiblement, via des cotisations salariales plus élevées si le Parlement ajoute un prélèvement de 0,4 pt. Une étude UBS chiffre l’augmentation de l’« endettement implicite » de l’AVS à + 15 points de PIB avec la 13ᵉ rente, ravivant le débat sur la répartition de l’effort entre générations.
Bilan pour les ménages
Profil | Rente mensuelle 2025 (CHF) | 13ᵉ rente (CHF) | Revenu AVS annuel après mesure |
---|---|---|---|
Célibataire – rente minimale |
1'260 |
1'260 |
16'380 |
Célibataire – rente maximale |
2'520 |
2'520 |
32'760 |
Couple plafonné |
3'780 |
3'780 |
49'140 |
Pour un retraité moyen (≈ CHF 1'850/mois), le gain net atteint CHF 1'850, un treizième mois qui compense en partie les hausses de primes maladie et d’énergie constatées depuis 2022.
En clair : la 13ᵉ rente AVS améliore immédiatement le revenu des bénéficiaires, surtout les plus modestes, mais alourdit durablement la charge du premier pilier. Son financement, augmentation de la TVA et peut-être cotisations supplémentaires, sera décisif pour préserver la solidité de l’assurance-vieillesse suisse tout en respectant l’équité entre cotisants et rentiers.
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